La Belgique francophone est caractérisée par un système d'accès à l'enseignement supérieur particulièrement ouvert (De Clercq et al., 2023). La richesse de ce système est de permettre un accès large à une diversité de profils de jeunes aux études supérieures et que le choix d'études ne soit pas conditionné par des choix d'orientation dans l'enseignement obligatoire. Cette ouverture peut être conçue comme un levier de démocratisation de l'accès vers l'enseignement supérieur telle que soutenue par les impératifs politiques européens (Gale et Parker, 2014).
Cependant, le contexte belge francophone est également caractérisé par sa forte inégalité de préparation à l'enseignement supérieur ; que ce soit par les importantes différences de compétences acquises durant l'enseignement secondaire ou la forte variation de l'attention portée à l'accompagnement à l'orientation entre les écoles. Ces conditions ne permettent pas à l'accès ouvert vers l'enseignement supérieur de remplir efficacement sa fonction de démocratisation et engendrent des effets pervers insoupçonnés. En effet, face à ce contexte, le jeune est en charge de gérer son orientation de façon autonome sans réellement avoir les outils et les ressources pour mener cette réflexion à bien. Ces difficultés de gestion autonome se traduisent entre autres par un fort taux d'abandon et d'échec en première année. La liberté de choix ne serait alors qu'un ersatz d'égalité des chances où la réussite resterait l'apanage des plus privilégiés. Face à ce constat, un nouvel arrêté gouvernemental a été pris en décembre 2019 afin de combler ce maillon manquant au système éducatif par la conception d'un outil national de soutien à l'orientation.
Cet outil appelé Accompagnement au Développement de ton Avenir (ADA) est un outil en ligne gratuit qui permet aux jeunes de fin secondaires de pouvoir préparer suffisamment tôt leur transition vers le supérieur. Pour ce faire, cet outil vise à travailler sur les trois dimensions principales de préparation à l'enseignement supérieur qui sont : (1) Comprendre clairement le niveau d'exigences attendu dans l'enseignement supérieur ; (2) Développer une motivation forte et réaliste à entrer dans le supérieur ; et (3) Faire correspondre ses intérêts personnels avec un choix d'étude cohérent (Paivandi, 2019). De par son accès libre, cet outil se veut être une mesure macro de soutien à l'orientation et à la réussite qui permettrait de diminuer l'impact des inégalités de préparation caractéristiques à l'enseignement obligatoire belge francophone.
Cette présentation de cadrage du symposium reviendra sur le processus de pilotage des sept groupes de travail qui mènent à bien les missions visées par l'outil. Ainsi, les trois modules de l'outil seront abordés ainsi que toute la formation pédagogique des acteurs et actrices de l'orientation du secondaire à l'utilisation de l'outil, le renforcement de l'offre de formation à l'orientation et l'évaluation des effets de l'outil d'orientation. Cette présentation reviendra également sur la dynamique collaborative qui a émergée et sur la façon de coordonner l'ensemble des experts et expertes impliquées dans ce large projet.
Références (Maximum 5, Normes APA 7e édition)
De Clercq, M., Roland, N., Dangoisse, F., & Frenay, M. (2023). La transition vers l'enseignement supérieur : comprendre pour mieux agir sur l'adaptation des étudiants en première année (Vol. 206). Peter Lang. https://doi.org/10.3726/b20782
Gale, T., & Parker, S. (2014). Navigating change: a typology of student transition in higher education. Studies in Higher Education, 39(5), 734-753. https://doi.org/10.1080/03075079.2012.721351
Paivandi, S. (2019). Le défi de la transition entre secondaire et supérieur. Construisons des ponts. Rapport du CNESCO. 1-62.