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La régulation de la réorientation à l'université : pratiques d'accompagnement et représentations des acteurs institutionnels
Céline Jacob  1@  
1 : Nantes Université
Nantes Université

1. Introduction

Les récentes réformes de la gestion publique dans l'enseignement supérieur, à l'instar de la loi ORE en 2018, ont entraîné des changements significatifs dans la régulation des instances éducatives. Ces réformes ont accordé une plus grande liberté aux universités pour définir leurs objectifs (Musselin, 2022). Parmi ces objectifs figure la promotion de la réussite étudiante, soulignée par Michaut (2023) comme ayant une dimension individuelle allant au-delà de la simple réussite académique et, mettant l'accent sur les transitions en dehors des normes et des attentes institutionnelles. Dans cette perspective, la réorientation, qu'il s'agisse d'un changement de filière ou de formation au cours du parcours d'études, concerne un tiers des néo-bacheliers inscrits en Licence en 2021 (Klipfel, 2023). Ce processus souligne la tendance à l'individualisation des parcours dans l'enseignement supérieur, contribuant ainsi à la normalisation des nouveaux choix d'études "à la carte" (Charles et Delès, 2018). Face à cette réalité, une interrogation porte sur les conditions et la gestion de ces réorientations par les institutions éducatives pour accompagner les étudiants dans leurs choix d'études. La communication se donne comme objectif d'examiner les pratiques et les représentations des acteurs qui accompagnent des étudiants en réorientation à l'université. Quelles sont les modalités de mise en œuvre de l'accompagnement des étudiants en réorientation à l'université ?

2. Méthode

Une enquête qualitative a été menée auprès de 50 professionnels impliqués dans le processus de réorientation des étudiants, notamment pour les primo-arrivants (responsables de formation, professionnels de l'orientation, personnels du rectorat et de la région, associations...). Les entretiens ont fait l'objet d'une analyse thématique transversale et d'un traitement sur un logiciel de traitement de données textuelles. La démarche présentée repose sur l'exploitation de l'enquête qualitative dans une démarche compréhensive.

3. Résultats

Les résultats montrent un écart entre le prescrit institutionnel et les pratiques réelles d'accompagnement des étudiants lors de réorientation, avec des variations selon les cultures disciplinaires. L'étude souligne l'importance des relations informelles entre enseignants et étudiants, notamment quand ces derniers se questionnent sur leur choix d'orientation. Les dispositifs de remédiation, conçus comme outil d'aide à la réorientation, sont perçus comme des solutions pour les étudiants les plus éloignés des attendus institutionnels. La diversité des acteurs impliqués dans la réorientation a conduit à élaborer une typologie distinguant des acteurs centrés sur les procédures, des acteurs méthodiques et rationnels, des acteurs sensibles aux individualités et des acteurs axés sur la réussite académique.

4. Discussion

Ces échanges informels entre étudiants et accompagnants révèlent une résistance aux logiques traditionnelles, illustrant l'imbrication complexe entre une régulation des changements organisationnels au niveau de l'université et une régulation autonome par les acteurs. D'une part, nos résultats laissent supposer une forme de dévolution de l'accompagnement à la réorientation, faisant passer au premier plan la relation interindividuelle à celle du fonctionnement du système. D'autre part, il serait pertinent de déplacer les objectifs au-delà de la réussite académique en se concentrant sur l'aménagement des parcours, pour embrasser la construction d'un espace de sens commun entre les acteurs, caractérisé par des référentiels partagés. Ce mode de fonctionnement définit de nouveaux espaces d'échanges qui rendent possible le modèle de l'université comme acteur "intégré" dans la société (Zapp, Marques, Powell, 2021), mais qui impliquent de reconnaitre le travail des acteurs de terrain.

 

Références (Maximum 5, Normes APA 7e édition)

Charles, N., et Delès, R. (2018). L'individualisation des parcours étudiants en Europe : ce que faire des études veut dire. Administration & Éducation, 160, 85-96. https://doi.org/10.3917/admed.160.0085

Klipfel, J. (2023). Parcours et réussite en licence : les résultats de la session 2022. Note flash du SISE, 26.

Michaut, C. (2023). État des recherches en économie et en sociologie sur la réussite universitaire. Recherches en éducation, 52. https://doi.org/10.4000/ree.11961

Musselin, C. (2022). La longue marche des universités françaises. Presses de Sciences Po.

Zapp, M., Marques, M., J.J.W Powell. (2021). Blurring the boundaries. Universisty actorhood and institutional change in global higher education. Comparative education, 57(4), 538-559.


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