 |
Depuis la loi du 11 février 2005, les universités françaises accueillent un nombre croissant d'étudiant.e.s en situation de handicap. Cependant, si l'école inclusive fait l'objet d'un grand nombre de recherches, l'inclusion universitaire est peu mise au travail (Milon, 2020). Avec une fraction de 2,2% de situations de handicap reconnues par les services universitaires (MESRI-DGSIP, 2022), les établissements doivent s'adapter à de nouveaux défis. Bien souvent, dans un contexte axé sur l'excellence académique plutôt que sur la prise en compte de la diversité, cette capacité d'adaptation repose sur les individualités. L'expression "inclusion universitaire" s'apparente plus à un slogan qu'il ne renvoie à des transformations institutionnelles tangibles (Pelletier, 2022).
Le propos présenté s'intéresse à la diversité étudiante du point de vue de la vulnérabilité perçue par les jeunes qui accèdent à l'enseignement supérieur, dans la perspective de mesurer sa prise en compte dans les pratiques enseignantes. La mise en évidence de conditions différenciées d'accès à l'enseignement supérieur est au centre de notre propos (axe 4 du colloque).
La contribution repose sur le projet de recherche Université Inclusive (APPI2023-U.Lyon2). Nous nous demandons en quoi l'environnement offert à l'université peut être qualifié d'inclusif à partir de leviers et freins identifiés par les étudiant.e.s. Le projet comprend trois enjeux : comprendre l'expérience étudiante au cours de la première année de licence ; dresser un inventaire de l'accessibilité des lieux de vies du campus et les manières d'y habiter et de s'y repérer ; étudier les comportements enseignants face à la diversité étudiante.
En nous focalisant sur la diversité des vies étudiantes prise dans toutes ses dimensions en première année de licence, nous abordons cette thématique en mobilisant deux niveaux de triangulation : différentes techniques de recueil (questionnaires ouverts et fermés, récits de vie et explorations commentées), et interdisciplinarité (sciences de l'éducation, psychologie, sciences du langage, anthropologie, sociologie). L'enquête étant en cours, nous présentons ici les premiers résultats issus de deux questionnaires passés en amphithéâtre (N=284 et N=208). Nous recherchons les facteurs qui caractérisent la diversité étudiante à l'Université Lyon 2, en vue de dégager des profils de vulnérabilités.
L'analyse conjointe des réponses aux deux questionnaires permet d'identifier quelques résultats préliminaires. Premièrement, l'histoire sociale et scolaire de l'étudiant est convoquée lorsqu'il est question des expériences de différences et de difficultés, ce qui invite à penser, au-delà de la vulnérabilité ontologique (Gardou, 2012), à des profils de vulnérabilité à partir d'épreuves diverses et complexes, soit des formes d'hypervulnérabilité ou de vulnérabilités multiples. Deuxièmement, dans le contexte d'entrée à l'université, univers inconnu en rupture avec le familier, le regard des autres est source de difficulté supplémentaire. Ainsi, le contexte individualisant de l'université française ajoute à une expérience de difficulté d'origines multiples. Enfin, la vulnérabilité situationnelle et sociale est davantage perçue par les étudiants (que la vulnérabilité ontologique), ce qui peut s'expliquer car la majorité des étudiants répondants semblent avoir un niveau de satisfaction assez élevé en ce qui concerne leur état de santé, leur logement et leur accès aux apprentissages.
