Rôle de l'environnement capacitant et des ressources psychologiques des lycéenn·e·s et néobacheliers dans la capabilité à s'orienter.
Sandrine Garin  1@  
1 : Institut national d\'étude du travail et dórientation professionnelle
Conservatoire National des Arts et Métiers [CNAM]

Selon le rapport du Comité Éthique et Scientifique Parcoursup (2023), 79% des lycéens se disent satisfaits quant à leur liberté de formuler leurs vœux sur PARCOURSUP (plateforme nationale de préinscription en première année de l'enseignement supérieur en France). Sen (1992) construit l'approche par capabilités dans une perspective systémique afin d'appréhender la possibilité de choisir (la capabilité) dans un environnement favorable ou non (capacitant ou incapacitant). Dès lors, disposer d'une liberté réelle consisterait à bénéficier de ressources environnementales (famille, école, aides institutionnelles...) suffisantes que des ressources psychiques sauraient convertir en capabilités de choisir.

Nos travaux s'inscrivent dans le cadre du PIA en Île-de-France (Programme Investissement Avenir), comme évaluation des actions menées pour un meilleur accompagnement en orientation. Cette recherche « embarquée » permet des échanges avec les établissements secondaires et universitaires partenaires, durant les 10 ans de ce programme afin d'améliorer de nos collaborations et les actions conjointes à la faveur du continuum bac -3 / bac +3. 

Notre recherche explore la possibilité d'appliquer l'approche par capabilités (AC) au champ de l'orientation en recourant à une méthodologie mixte. Une première étude qualitative investigue ce que pourraient à la fois être un environnement capacitant et les ressources internes pour le participant. Trois focus groups de lycéen·nes (13 lycéen·nes au total) ont été créés et soumis à des entretiens semi-directifs. Une analyse thématique (Braun & Clarke, 2006) a été réalisée par grille d'analyse de contenu des entretiens afin d'orienter, croiser nos analyses lexicométriques (Ratinaud, 2020) des corpus textuels des participant·es.

Les résultats éclairent la difficulté de percevoir au-delà de l'étape sélective de Parcoursup. Si l'acte de choisir est perçu par les lycéens comme accompagné par leurs référents en orientation (parents et/ou professeurs), l'acte de renoncer qu'implique ce choix est quant à lui du ressort de l'indicible et réalisé seul. L'environnement capacitant peut donc être complexe à percevoir par les adolescents bénéficiant toujours d'un accompagnement renforcé. Alors, cela pose la question de la possibilité d'une liberté à choisir réellement son orientation.

Une étude quantitative (en cours) nous permet l'approfondissement de ces premiers résultats sur ces capabilités en année de terminale et en 1ère année universitaire. Un questionnaire a été soumis à 3 lycées et une université (188 lycéens et 148 néobacheliers) afin de comparer l'évolution des perceptions des participants. Ce questionnaire porte sur la notion d'école décente (Duffy, 2022), l'engagement des parents, l'identité vocationnelle et le sentiment de liberté des lycéens.

Deux hypothèses ont été formulées : Tout d'abord, nous souhaitons mieux appréhender la perception des lycéens de ce qu'ils reconnaissent eux-mêmes comme capacitants pour choisir son projet d'orientation. Ensuite, la comparaison entre lycéens et néobacheliers nous permet de saisir l'évolution de cette perception lors de cette transition vers le supérieur. 

L'originalité de nos travaux porte sur l'étude systémique de l'environnement et des ressources internes de la personne au regard de données telles que la catégorie socioprofessionnelle des parents, l'éloignement géographique, l'exposition aux actions du PIA.

 


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