Exil et enseignement supérieur : retour sur un dispositif d'accompagnement pour l'accès à l'université
Pierre Salam  1, 2, 3@  , Nicolas Vanhoutvenne  3@  
1 : LMU
Le Mans Université
2 : Centre de recherche en éducation de Nantes
Le Mans Université
3 : Maison des Langues
Le Mans Université

Depuis 2015 et la succession de crises migratoires (syrienne, soudanaise, afghane, ukrainienne...), de nombreuses universités en France (Bouffet et al., 2021) et en Europe (Degée, 2021), ont décidé de relever le défi de l'intégration des étudiants exilés dans les formations universitaires. Pour ce faire, des dispositifs variés ont été mis en place répondant à trois besoins : l'apprentissage de la langue française, l'acquisition d'une culture d'apprentissage universitaire adaptée pour garantir une réussite étudiante, l'accompagnement dans les formations universitaires. C'est dans ce cadre que s'inscrit le dispositif mis en place par la Maison des Langues de Le Mans Université : le DU Passerelle des étudiants en exil (DUP). Organisé en semestre, ce dispositif amène un groupe d'étudiants à valider un niveau de langue tout en découvrant la méthodologie universitaire et en explorant son projet personnel. Dans cette communication, nous commencerons par présenter le travail réalisé depuis 2020 pour construire une offre de formation allant de la sélection des futurs étudiants, à la formation et l'accompagnement dans l'inscription à la formation de leur choix. Nous aborderons ainsi les questions de l'accessibilité de cette formation et de ses spécificités en tant que préparation à l'intégration à l'environnement universitaire. Nous nous intéresserons aussi aux choix pédagogiques et méthodes développées par l'équipe en charge du projet, amenant les bénéficiaires à s'affilier progressivement à un « métier d'étudiant » (Coulon, 2004). Ce sera aussi l'occasion de faire le point sur les visibilités, à la fois du public et de la formation, en discutant de la façon dont elles prennent place au sein d'une politique plus globale d'inclusion à l'œuvre aussi bien au niveau de l'université et de l'écosystème local. Nous questionnerons la pertinence des actions de communication (articles, émission de radio...) et de découverte interculturelle (exposition « portraits d'exilé.e.s », journée « femmes en exil », conférences...), qui à mettre en lumière la diversité de ce public souvent invisibilisé. Enfin, nous nous pencherons sur l'efficacité du dispositif mis en place en nous intéressant à la façon dont il contribue effectivement à la réussite des apprenants, sans bien sûr négliger les difficultés identifiées. C'est dans ce cadre que nous évoquerons la mise en place de tutorat par les étudiants et du mentorat par des enseignants universitaires ou des bénévoles.

Pour répondre à cette problématique et comprendre le vécu des exilés accompagnés par ce dispositif, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs de type compréhensif (Kauffman, 2011) avec un panel intégrant à la fois des étudiants actuellement dans le dispositif, des étudiants ayant suivi le dispositif et ayant intégré l'université à la rentrée 2023 et enfin d'anciens étudiants ayant suivi le DUP et un parcours universitaire, réussi ou pas, et actuellement sur le marché du travail en France. Cette diversité de profils nous amènera à la fois à construire un bilan critique de l'accessibilité, la visibilité et l'efficacité de ce dispositif, mais aussi à dégager des pistes de transfert vers d'autres universités ou d'autres publics ayant des besoins proches.


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