Perception par les étudiants des dispositifs d'aide à la réussite
Sophie Kennel  1@  , Laurence Redon  2@  , Alexandra Knaebel  3@  
1 : Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l'Education et de la Communication  (LISEC)
université de Strasbourg, Université de Haute-Alsace (UHA) Mulhouse - Colmar, Université de Lorraine, Université de Haute-Alsace (UHA) Mulhouse - Colmar : EA2310, université de Strasbourg : EA2310, Université de Lorraine : EA2310
Université de Haute-Alsace, 10 rue des Frères Lumières, 68100 Mulhouse - Université de Lorraine, 3 place Godefroy de Bouillon, 54000 Nancy - Université de Strasbourg, 7 rue de l'Université, 67000 Strasbourg -  France
2 : Interactive Critical Systems
Institut de recherche en informatique de toulouse
3 : Laboratoire de Dynamique des Fluides Complexes
Centre National de la Recherche Scientifique

Les universités sont confrontées depuis plusieurs décennies au défi majeur de la réussite étudiante, qu'il s'agisse de soutenir l'accès aux diplômes d'enseignement supérieur ou d'accompagner des parcours d'études, personnels et professionnels satisfaisants. Différentes politiques ministérielles se sont succédées sur cette question, comme en France le Plan Réussite en licence (Perret, 2015) et plus récemment la loi Orientation et Réussite des Étudiants (ORE) de 2018 (Aimé, Bézagu, & Caillot, 2020). La crise sanitaire de 2020-21, avec une forte prise de conscience des difficultés et des besoins étudiants, a elle aussi marqué une avancée importante dans la mise en œuvre d'actions pour soutenir la persévérance et la qualité des apprentissages (Denami & Kennel, 2022). La réussite étudiante est aujourd'hui un objet largement étudié et la littérature scientifique internationale apporte des éléments de compréhension sur les facteurs explicatifs des parcours étudiants et des éléments de connaissance sur la mise en œuvre et parfois les effets des politiques nationales et locales (Frenay, De Clercq, & Roland, 2019 ; Michaut, 2023).
Notre étude s'intéresse à la perception par les étudiants des dispositifs pour favoriser la réussite étudiante. Quelle connaissance ont-ils des dispositifs de soutien proposés au sein de leur établissement ? Comment s'en emparent-ils ? Avec quel ressenti de leur expérience d'apprentissage et d'accompagnement ? Notre hypothèse est que ces dispositifs d'aide à la réussite restent peu connus par leurs cibles et que les usages en sont limités, en particulier par les étudiants et les étudiantes qui en auraient le plus besoin.
Nous avons mené une enquête auprès de l'ensemble de la population de 1ère année d'études supérieures d'une université du Grand Est de la France. 28 questions portaient sur leur perception de leur parcours d'orientation vers et dans l'enseignement supérieur, ainsi que sur l'expérience vécue de leur 1ère année d'études. 6156 réponses complètes ont été obtenues au 30 juin 2023, ce qui représente 45 % de la population interrogée. Nous exploitons pour cette communication les questions sur la connaissance et l'expérience des dispositifs d'aide à la réussite, en les croisant avec d'autres variables comme le bilan d'orientation qu'ils dressent ou les difficultés qu'ils rencontrent.
Nos résultats, en cours de traitement, nous éclairent sur les usages et non-usages des dispositifs. Ceux-ci sont globalement bien connus par la population étudiante puisque 60% de nos répondants connaissent un ou plusieurs dispositifs d'aide à la réussite, ce taux étant toutefois disparate selon les populations étudiantes, i.e. les cursus, puisqu'il varie de 17,5% pour la population étudiante des cursus courts professionnalisants à 87,2% pour la population inscrite dans les cursus en santé soumis à une sélection à l'issue de la 1ère année. Si nous prenons l'exemple du conseil à la réussite (882 réponses), nous constatons que 84% des répondants n'utilisent pas ce service. Les raisons avancées sont l'absence de besoin pour 83% des personnes ayant répondu à cette question, le manque de temps pour 11%, le fait que le service ne répondait pas à leurs attentes pour 6%. Pour les 16% de répondants utilisant le service, le taux de satisfaction (« utile » et « très utile ») est de 79%. L'exemple de l'usage d'une plateforme Moodle, qui est l'outil le plus connu quelles que soient les populations, interroge sur l'attractivité du dispositif selon le recours à un tiers ou non et selon le degré de liberté d'usage. Analyser le sentiment de sécurité que peut apporter la mise à disposition des outils d'aide à la réussite mais aussi le levier que représentent la facilité et la liberté d'usage pour amener les étudiants à s'en emparer est l'un des axes d'étude proposé. Parallèlement, approfondir le traitement statistique qui croisera ces données avec d'autres variables sur les profils des répondants et le bilan qu'ils font de leur parcours constitue un second, que nous pourrons présenter lors du colloque en avril 2024.


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