L'augmentation du nombre d'étudiants à l'université ces dernières années, la réforme du Baccalauréat général en 2021 ainsi que l'apparition de nombreuses spécialités ont eu un impact sur la diversité des profils des primo-entrants tant en termes de prérequis disciplinaires qu'en termes de méthodes de travail. Si la plupart des étudiants réussissent à relever les nouveaux défis, un pourcentage non négligeable peine à s'adapter à ce nouvel environnement (Annoot et al., 2019). Afin de réduire les taux d'échec, le ministère a instauré, depuis 2018, des parcours spécifiques « oui-si » pour les étudiants potentiellement en difficulté ; leur contenu est laissé au choix des universités et des portails.
À l'UFR des Sciences de l'Université Paris-Saclay, un dispositif d'accompagnement a été mis en place pour les étudiants repérés avec des difficultés disciplinaires (via Parcoursup ou après les tests de positionnement réalisés lors de la rentrée). Ce dispositif comporte des enseignements classiques de remédiation en physique et en maths et, plus récemment, un enseignement par pédagogie active en biologie et en chimie a été initié. Cet enseignement est basé essentiellement sur la créativité et le travail de groupe.
L'objectif de cette contribution est de présenter un retour d'expérience sur cette approche baptisée Challenge et déployée sur les deux semestres de la première année de Licence à raison de 25 heures par semestre et pour un groupe d'une vingtaine d'étudiants.
Au travers d'un travail de groupe, les étudiants utilisent leur créativité pour revoir, remobiliser et consolider les différents chapitres abordés dans les unités d'enseignement (UE) fondamentales. Ils créent ainsi des supports variés incluant bandes dessinées, vidéos, jeux de cartes, mimes et même de la poésie pour retravailler et animer un chapitre scientifique qu'ils ont choisi.
Les réalisations des étudiants sont présentées à tout le groupe et sont évaluées, à l'oral comme à l'écrit, en contrôle continu. Un examen terminal en fin de semestre permet d'évaluer, à l'échelle du groupe entier, si l'exercice a permis de combler les lacunes initiales.
L'efficacité de cette approche s'exprime à travers les résultats aux évaluations terminales des UE fondamentales. Les résultats obtenus ces trois dernières années sont très encourageants. Ils montrent que la créativité et le jeu peuvent être des sources d'inspiration pour les étudiants leur permettant de surmonter leurs difficultés disciplinaires. En effet, quand les étudiants ont le choix d'utiliser d'autres moyens pour remobiliser leurs connaissances, ils s'impliquent mieux et améliorent ainsi leurs apprentissages (Poumay, 2014). Toutefois, cette réussite est dépendante de plusieurs facteurs essentiels : un niveau disciplinaire minimum, de la motivation et une cohésion importante du groupe. En effet, si le niveau est beaucoup trop faible ou si le groupe est démotivé ou dysfonctionnel alors cette initiative pédagogique montre ses limites.
Les productions du travail créatif des étudiants constituent une base pédagogique particulièrement riche et innovante pouvant servir de ressource pour des enseignements futurs. Une réflexion doit être menée sur l'intégration de ces supports dans d'autres initiatives pédagogiques.