La reconnaissance de l'engagement étudiant : quelle prise en compte de la diversité des publics ?
Agathe Dirani  1, 2@  , Sylvie Dagorne  3@  
1 : Université Rennes 2
CREAD EA3875
2 : CREAD
Université Rennes 2 - Haute Bretagne
3 : OPEIP
Université Rennes 2 - Haute Bretagne

 

1. Introduction

La recherche menée propose d'interroger la prise en compte de la diversité des publics étudiants dans le cadre d'un dispositif pédagogique spécifique. Dans un contexte de démocratisation de l'enseignement supérieur en proie à la production de nouvelles formes d'inégalités (Avouac & Harari-Kermadec, 2022), la recherche entend ainsi objectiver la mise en œuvre d'un dispositif dans un contexte universitaire spécifique. Il s'agit d'interroger la mise en œuvre d'un dispositif de reconnaissance de l'engagement étudiant par le biais de crédits ECTS, dispositif qui s'est généralisé à l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur depuis 2017.

Les pratiques étudiantes désignées par le terme « engagement » renvoient à des formes hétérogènes constituant un halo allant de pratiques des étudiant.e.s en tant qu'acteur.trices politiques. Elles reposent sur une adhésion à des valeurs, s'ancrent dans l'action et cherchent à répondre à des problématiques sociales ou estudiantines spécifiques, souvent de manière inédite et nouvelle. Il s'agit d'un ensemble de pratiques hétérogènes que l'on ne peut résumer ni à du travail, ni à de la formation, ni à des loisirs mais qui peut partiellement recouper ces types d'activités. Ces pratiques peuvent être bénévoles ou s'inscrire dans le cadre de dispositifs tels que le service civique ou la réserve opérationnelle de défense par exemple. Ces expériences ont pu être étudiées sur le plan de leurs spécificités territoriales (Le Bart et Merle, 1997) ou encore en tant que dispositifs institutionnels (Testi, 2021).

Néanmoins, la dimension inclusive de ces dispositifs reste peu interrogée, alors même qu'il semble légitime de la questionner à plusieurs niveaux. En effet, la diversité des publics étudiants dans un contexte de démocratisation (Paivandi et Younès, 2019) nous invite à interroger le caractère inclusif de ces dispositifs en termes d'accès, en termes de validation mais aussi en termes d'usages qu'en font les étudiants (Dubet, 1994), à court ou moyen terme.

2. Méthode

Dans le cadre de cette communication, la présentation de la recherche menée s'appuiera principalement sur les données collectées dans le cadre d'une enquête par questionnaire, menée au sein d'une université, auprès de deux cohortes. Les étudiant.e.s sont interrogé.e.s par le biais d'un questionnaire en ligne, élaboré en collaboration avec un observatoire, diffusé par divers moyens (mails et relances téléphoniques). Les étudiant.e.s participant à l'enquête sont inscrit.e.s pédagogiquement à l'université en 2023-2024, en L3 ou M1, ce qui correspond à une population d'environ 5000 étudiant.e.s. Les données collectées sont ensuite appariées avec des données administratives relatives à la scolarité (série et mention au baccalauréat, note obtenue à l'UEO VEE, etc.) et un certain nombre de caractéristiques socio-démographiques (bourse, nationalité, etc.)

 

3. Résultats

Les résultats mis en évidence se structurent autour de trois hypothèses principales : celle d'un accès inégal au dispositif selon le profil socio-scolaire, celle d'une inégale propension à tirer parti de la reconnaissance par l'obtention de crédits ECTS et enfin l'hypothèse d'un usage différencié du dispositif selon les caractéristiques socio-scolaires des étudiant.e.s.

La mise au travail de ces hypothèses donne lieu à des analyses statistiques des données collectées par le biais de l'enquête par questionnaires. Les résultats présentés émaneront principalement de tests statistiques et de leur discussion. Il s'agit de résultats intermédiaires relatifs à un établissement d'enseignement supérieur, l'enquête par questionnaire ayant pour objectif d'être étendue à un second établissement.

 

4. Discussion

Les résultats mis en évidence permettront de questionner la dimension inclusive du dispositif au sens de prise en compte de la diversité étudiante. Celle-ci sera menée à partir des résultats établis en ce qui concerne l'accès au dispositif, la validation de ce dernier ainsi que les usages qui en sont faits, et ce pour différents profils d'étudiants. Les prolongements de l'enquête initiée seront également présentés, dans la perspective de compléter et consolider les résultats intermédiaires.

 

 

Références

Avouac, R., & Harari-Kermadec, H. (2022). L'université française, lieu de brassage ou de ségrégation sociale ? Mesure de la polarisation du système universitaire français (2007-2015). Economie et Statistique, (528-529), 63-83.

Dubet, F. (1994). Dimensions et figures de l'expérience étudiante dans l'université de masse. Revue française de sociologie, 35(4), 511-532.

Le Bart, C. et Merle, P., (1997). La citoyenneté étudiante : intégration, participation, mobilisation. Presses universitaires de France.

Paivandi, S. et Younès, N. (2019). À l'épreuve d'enseigner à l'université. Enquête en France. Peter Lang.

Testi, J. (2021). La reconnaissance pédagogique des engagements bénévoles et militants : Étude d'une politique universitaire qui fait long feu [Phdthesis, Université de Paris Nanterre]. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03289380

 


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