Performances et parcours des étudiants en licence : effets des variables socio-démographiques et scolaires
Alice Constans  1, 2@  
1 : Centre de Recherche en Psychologie de la Connaissance, du Langage et de l'Émotion
Aix Marseille Université
2 : DREAM-U (ANR-18-NCUN-0003)
Aix-Marseille Université - AMU

Aujourd'hui, et depuis plusieurs décennies, l'université se trouve dans un contexte d'échec généralisé (OCDE, 2009). En France, seulement 29% des étudiants ont obtenu leur diplôme de licence dans les trois ans (MESRI, 2021). Face à ce constat, de nombreuses recherches ont été menées dans le but d'identifier les facteurs de réussite. À la suite des travaux de Tinto (1975), un intérêt important a été porté sur les variables socio-démographiques et scolaires, autrement dit, les caractéristiques d'entrée de l'étudiant. L'idée étant que l'échec d'un étudiant est en partie déterminé par son milieu socio-culturel et ses performances scolaires antérieures. Une grande partie de cette littérature provient des pays anglo-saxons. L'objectif de cette étude est de tester les effets de ces facteurs sur la performance et le parcours des étudiants français en licence.

Pour mener à bien ce travail de recherche, un suivi de cohorte a été effectué auprès d'étudiants entrant en première année de licence en 2016 à l'université d'Aix-Marseille. Ces étudiants étaient inscrits dans des cursus de droit, de psychologie et certains cursus de sciences. Au total, 4 305 étudiants ont été suivi durant les trois années de licence. Les données ont été collectées à l'aide du logiciel de scolarité de l'université. Nous nous intéressons, entre autres, à l'effet que peuvent avoir l'âge, le sexe, le profil boursier, le type de logement, l'activité professionnelle et le parcours scolaire sur l'obtention du diplôme, les moyennes des années de licence, le redoublement et la réorientation.

Les premiers résultats analysés jusqu'à présent concernent la performance des étudiants ayant un parcours linéaire, c'est-à-dire ceux ayant réalisé leurs trois années de licence sans interruption de parcours. En ce qui concerne les variables démographiques, les analyses semblent indiquer que les femmes ont de meilleurs résultats que les hommes et les étudiants plus âgés ont de meilleurs résultats que leurs camarades. Au niveau des variables financières, on observe que les étudiants issus de catégories socio-professionnelles supérieures ont de meilleurs résultats. Les étudiants bénéficiant d'une bourse obtiennent quant à eux des résultats plus faibles que leurs camarades. Enfin, en ce qui concerne les variables scolaires, on constate que plus la mention au bac est élevée, meilleurs sont les résultats de l'étudiant. Aucune différence significative n'est observée pour les variables type de bac, activité professionnelle et nationalité.

Les résultats tendent à montrer la présence d'inégalités de réussite liées à des facteurs socio-démographiques et scolaires. En ce qui concerne les variables démographiques, les différences entre hommes et femmes pourraient s'expliquer en partie par des modes d'étude différents (Primon & Frickey, 2002). L'âge, quant à lui, pourrait être associé à davantage d'expérience et à une capacité d'adaptation plus efficace (Richardson, 2012). Les variables financières et scolaires pourraient être liées à la motivation et également au capital culturel transmis à l'étudiant. Un étudiant ayant accès à davantage de ressources éducatives pourrait obtenir de meilleurs résultats durant sa scolarité, ce qui le mènerait à avoir un meilleur sentiment d'efficacité personnelle (Dupont et al., 2015).


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