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En France, malgré un contexte au sein duquel l'amélioration des pratiques pédagogiques est devenue une des priorités pour les établissements d'enseignement supérieur (Lalle et Bonnafous, 2019), les travaux de recherche empiriques portant sur le sujet à l'université sont encore rares (De Clercq et al., 2023). Pourtant, des questions demeurent, notamment en ce qui concerne le format des cours magistraux, souvent jugé inadapté à l'hétérogénéité du public étudiant. Or, si la littérature scientifique offre quelques descriptions des pratiques d'enseignement lors de ce type de cours (Clanet, 2001 ; Duguet, 2014), celles-ci s'avèrent désormais anciennes et reposent par ailleurs le plus souvent sur les propos déclaratifs des étudiants, ou des enseignants, par essence limités (Esterhazy et Gijbels, 2021). De plus, il n'existe à ce stade que peu de mesures fiables et valides pour évaluer les pratiques pédagogiques dans l'enseignement supérieur.
L'objectif de cette recherche est par conséquent d'apporter de nouveaux éléments de compréhension à cet égard : quelle est la diversité des pratiques pédagogiques des enseignants en cours magistral ? Comment peuvent-elles être catégorisées ? Dans quelle mesure peut-on en proposer une mesure fiable et valide ? A travers cette communication, nous proposons d'analyser les qualités psychométriques de trois instruments de mesure des pratiques enseignantes : un outil d'observation systématique, un outil de rapport autodéclaré des pratiques par les enseignants et un outil de mesure de perception des pratiques par les étudiants. Nous cherchons à déterminer la fiabilité et la validité de ces trois outils, mais également à analyser en quoi la vision qu'ils relatent des pratiques enseignantes diffère en fonction de l'instrument utilisé.
Nous nous appuyons pour cela sur les données collectées lors d'une enquête menée en trois temps entre février et avril 2023. Nous avons d'abord réalisé des observations non participantes in situ des pratiques pédagogiques en cours magistral de 39 enseignants volontaires. Ces derniers se sont vus proposer de compléter un questionnaire portant sur leurs pratiques d'enseignement et comportant un certain nombre d'items communs à la grille d'observation construite. Ces items ont également été repris et intégrés à une enquête par questionnaire menée auprès d'un échantillon de 1250 étudiants assistant aux cours magistraux de ces enseignants.
Nous avons cherché au préalable à vérifier les qualités psychométriques de nos trois instruments par le biais d'analyses factorielles exploratoires et confirmatoires, mais aussi de la mesure de la fidélité et de la cohérence interne des dimensions des trois outils. Ensuite, la construction d'analyses en modèle linéaire général intra sujets nous a permis d'étudier les différences de description des pratiques en fonction de l'instrument utilisé.
Ces analyses font ressortir trois dimensions des pratiques : la première réfère plutôt à la bienveillance de l'enseignant, la deuxième à la structuration des apprentissages et la troisième au dynamisme et à l'expressivité de l'enseignant. Les résultats montrent également, concernant ces trois dimensions, qu'il existe des différences significatives de description des pratiques selon la mesure employée.
Même si elle se heurte à certaines limites d'ordre méthodologique, outre son apport sur la mesure des pratiques d'enseignement des enseignants universitaires, cette recherche invite de façon plus large à s'interroger quant aux liens entretenus entre les dimensions des pratiques identifiées et la réussite étudiante.
