 |
L'atelier de gaïagraphie sur lequel porte notre étude est expérimenté, depuis octobre 2022, dans le cadre de l'UE Gestion de projet en environnement au sein du Master 2 ERPUR (Stratégies de développement durable et périurbanisation) à l'Université de Rennes, qui forme des écologues aux sciences humaines et sociales. Le terme de gaïagraphie donné à l'atelier est inspiré de Latour et a pour objectif d'attirer l'attention sur les êtres dont l'activité compte pour l'habitabilité de la mince couche terrestre où se déploie la vie. Une enquête est menée par un groupe d'étudiants au sein d'une parcelle cultivée par le collectif Dignité cimetière, qui y cultive des fleurs pour les sépultures à l'abandon et des personnes isolées et/ou en grande précarité. Les étudiants sont invités à observer le travail du jardinier et celui des êtres du sol qui œuvrent de leur côté à la transformation de la matière végétale morte en éléments minéraux et produisent ainsi sa fertilité.
L'ambition de l'atelier est de permettre aux étudiants et aux jardiniers associés de vivre des expériences de recherche-action transformatrices, au sens de Dewey, et d'en produire des comptes rendus qui, en décrivant ces coexistences vécues au sein des jardins, ajoutent de l'épaisseur à ce monde. De cette expérience transformatrice, il est attendu une évolution de la posture de l'étudiant, plus disposée à la rencontre avec et à l'engagement auprès des êtres humains et non-humains, dans la perspective de prendre soin du monde. Cette évolution attendue de la posture de l'étudiant implique l'élaboration d'un dispositif pédagogique centré sur une expérience d'apprentissage partagée avec des êtres humains et non-humains. Le dispositif s'inscrit dans la tradition de l'enseignement en écologie, basé sur l'expérimentation. De ce fait, il s'éloigne de la « forme scolaire ou universitaire » (Peltier et al., 2022). L'objectif de notre étude est alors de comprendre dans quelle mesure cet atelier qui constitue une alternative à la forme universitaire peut avoir une influence sur la posture des étudiants qui y participent en termes d'ouverture à un art de l'attention permettant la rencontre avec des êtres humains et non-humains.
