Alors que différentes mesures ont été adoptées depuis une vingtaine d'années dans l'enseignement supérieur pour améliorer la réussite sur le premier cycle universitaire, force est de constater que les taux de réussite, notamment en licence, n'évoluent pas ou peu (Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 2023). Or, ce phénomène amène les acteurs de l'enseignement supérieur à s'interroger sur leurs véritables marges de manœuvre face à un objet aussi complexe que la réussite (Dupont et al., 2015 ; Michaut, 2023), dont plusieurs facteurs apparaissent exogènes à l'institution (eg. parcours antérieur à l'entrée dans l'enseignement supérieur, capital économique et social des étudiant.e.s, ...) pouvant conduire à un sentiment d'impuissance et à un questionnement sur la part de responsabilité des établissements dans la production de la réussite ou plutôt de l'échec.
Le constat de ce contexte conduit à définir et à initier une démarche permettant de (re)mobiliser la communauté universitaire sur cet objet et qui viserait à déterminer parmi les différentes dimensions qui sous-tendent la réussite, celles sur lesquelles un contrôle est possible puis, à choisir collectivement les actions à réaliser en lien avec quelques-unes de ces dimensions qui offriraient les perspectives les plus prometteuses pour une véritable amélioration des conditions de la réussite dans un contexte donné, en l'occurrence celui de Nantes Université.
Dans le cadre de l'entente nouée entre Nantes Université et l'Université Laval (Québec) via la chaire de leadership en pédagogie de l'enseignement supérieur, un projet de résidence pédagogique thématisé sur la réussite s'est construit en début d'année 2023. Celui-ci consistait en l'immersion pendant 15 jours à l'Université Laval d'une délégation constituée de différents acteurs : enseignants/enseignants-chercheurs, étudiants, conseillers pédagogiques et personnels impliqués dans l'accompagnement des étudiants ; cette résidence pédagogique visait à découvrir comment la question de la réussite pouvait être abordée dans un écosystème autre, celui de l'Université Laval, puis à définir une vision partagée de la réussite et enfin de construire un plan d'actions à court et moyen termes déclinable dans le contexte français.
Après avoir posé la réussite comme le fruit d'un processus d'accomplissement individuel pluriel, non linéaire et composé d'engagements dans des activités académiques et non académiques, la délégation a considéré que tout travail sur la réussite devait s'enraciner dans une meilleure connaissance et prise en compte de la diversité des publics étudiants. Il résulte de cette conception de la réussite un plan décliné en 9 actions et structuré en trois axes de travail : (1) développer une meilleure connaissance de notre diversité, (2) apporter des ressources aux étudiant.e.s et (3) œuvrer à un renforcement de l'agentivité étudiante.
La communication sera ensuite consacrée à la présentation de trois actions phares issues de plan d'action : analyse des premières données produites par l'Observatoire de la Réussite Universitaire (ORU) sur la caractérisation de la diversité, cartographie de l'appui à la réussite à l'échelle d'un pôle universitaire, production d'un prototype de syllabus de cours intégrant la diversité. L'état de déploiement de ces actions, leurs conditions de transfert et d'essaimage mais aussi les freins rencontrés seront discutés.
Références :
Dupont, S., De Clercq, M., Galand, B. (2015). Les prédicteurs de la réussite dans l'enseignement supérieur, Revue française de pédagogie, 191, DOI : https://doi.org/10.4000/rfp.4770
Michaut, C. (2023). État des recherches en économie et en sociologie sur la réussite universitaire, Recherches en éducation, 52. DOI : https://doi.org/10.4000/ree.11961
Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (2023). L'état de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France. SIES.