Le Québec fait face à une pénurie de personnel pour certains corps de métiers et de professions. Pour pallier le manque de personnel, l'une des options est de faire appel aux personnes ayant une formation d'infirmières et infirmiers hors Canada (IIDHC) établies au Québec. Une fois que cette expérience est examinée par l'Ordre des infirmiers et des infirmières du Québec (OIIQ), la personne étudiante est parfois renvoyée vers une formation collégiale conçue pour ce profil d'étudiant·es.
L'expérience développée à l'international est valorisée à l'effet que cette formation-passerelle a été conçue pour la reconnaitre. Ce programme d'études appelé « Attestation d'études collégiales (AEC) en intégration à la profession infirmière » est de niveau postsecondaire et préuniversitaire. Cette formation de 900h environ est conçue pour combler les manques à leur formation initiale.
L'activité réservée principale de la personne infirmière au Québec est l'évaluation de la condition physique et mentale d'une personne symptomatique. Cette évaluation est essentielle pour déterminer les problèmes de santé et les besoins de la personne. De plus, les interventions de l'infirmière découlent de cette évaluation (OIIQ, 2019). Ces interventions et la continuité des soins font souvent appel à de solides compétences en numératie.
L'une des exigences de cette formation est de réussir un examen de posologie. Le niveau minimal de réussite a été abaissé de 80% à 60%. Nous constatons avec le temps que même si le seuil de passage est moins exigeant, environ un tiers de la classe démontre avoir des difficultés, au point d'échouer l'examen, voire la reprise d'examen.
Plusieurs raisons pourraient expliquer ces échecs. Il peut y avoir le fait que le rôle de l'infirmière est différent ici et ailleurs, ainsi les pratiques faisant appel à des calculs mentaux rapides sont un réflexe peu sollicité. Après avoir sondé le corps enseignant, une des autres raisons que nous avons relevée est le manque de compréhension de l'importance de la précision des calculs favorisé par l'existence de machines dans les établissements de santé et les calculatrices à porter de mains.
- 3. Analyse critique du retour d'expérience et bilan
Pour agir au mieux, nous avons consulté quelques études et plusieurs recherches afin d'identifier des pistes d'action opérationnelles. Nos étudiant·es étant des adultes, nous avons consulté plusieurs recherches consacrées spécifiquement à l'éducation des adultes dont celles de Mezirow (1991) et de Tinto (1993) ainsi que le Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), initiative de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). On y apprend que les compétences en numératie sont essentielles pour fonctionner dans le marché du travail, notamment dans certains secteurs comme celui des soins infirmiers. Plusieurs orientations et façons d'enseigner la numératie sont proposées de sorte que la réussite des étudiant·es soit davantage soutenue (Demba, 2016).
Après avoir mis en place un module diagnostique, nous nous sommes rendu compte que cela ne suffisait pas. Il fallait aller plus loin. Nous avons donc créé deux autres modules de trois heures en collaboration avec une enseignante en mathématiques. Depuis que nous avons mis en place ces trois modules, nous n'avons plus d'échecs à la reprise des examens en posologie et la moyenne générale des groupes est en constante augmentation.
- 4. Conditions de transfert et objectifs de la communication orale
Cette mise à niveau des notions de base est incontournable pour développer la compétence en numératie chez les étudiant·es dont les données numériques font partie du programme de formation. Cette démarche et ce développement de matériel pédagogique peuvent être transférés à d'autres programmes disciplinaires.
Par cette communication, nous proposons de présenter comment nous avons :
- Conçu un dispositif pour renforcer et démystifier les données numériques
- Réduit considérablement le taux d'échec en posologie
- Résolu l'hétérogénéité de la maitrise des compétences en numératie dans un programme dit technique grâce au développement d'une compétence transverse
Cette communication vise à présenter les résultats empiriques, nos réflexions théoriques et d'expériences. Elle peut intéresser tous les intervenants et décideurs des différents niveaux scolaires (primaire, secondaire, collégial, universitaire).