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Plan stratégique de soutien à la réussite : S'emparer collectivement d'une injonction politique de structuration de l'accompagnement à la réussite
Mikaël De Clercq  1@  , Frédérique Artus  2@  , Erika Weinkauf  3@  , Philippe Parmentier  3@  , Aveline Mazy  3@  , Noélie Robert  3@  , Karine Dejean  3@  , Johanne Huart  4@  , Dominique Duchâteau  4@  , Anne-France Lanotte  4@  , Laurent Leduc  4@  , Pascal Detroz  4@  , Frederic Schoenaers  4@  , Fabienne Ramon  5@  
1 : UCLouvain
2 : Université de Mons
3 : Université Catholique de Louvain = Catholic University of Louvain
4 : Université de Liège
5 : Université de Mons

En Belgique francophone, une grande diversité d'étudiant·es entrent dans l'enseignement supérieur et se confrontent à un ensemble de difficultés qui réduisent leurs chances de réussite (De Clercq et al., 2023). Face à cette problématique, le gouvernement a établi une série d'impératifs politiques et de mesures pour garantir de meilleures chances de réussite à un ensemble hétérogène d'étudiant·es. Ces objectifs ne sont d'ailleurs pas l'apanage de la Belgique mais rejoignent des impératifs plus globaux (Gale et Parker, 2014).

En conséquence, l'organisation des études supérieures est actuellement en proie à de nombreux changements politiques qui rebattent les cartes de la réussite et de la persévérance dans l'enseignement supérieur. En 2014, l'instauration du décret paysage[1] a en effet redessiné le cadre de l'enseignement supérieur en individualisant les parcours étudiants, en réorganisant la notion même d'année académique et en modifiant les règles d'admission à poursuivre les études. La mise en place de ce décret a également mené à la création d'un nouvel organisme d'intérêt public nommé « Académie de Recherche et d'Enseignement Supérieur » (ARES), dont la mission est de soutenir les différents établissements de l'enseignement supérieur dans leurs missions de recherche, d'enseignement et de service à la collectivité.

Les conséquences des modifications engendrées par le décret sur les parcours étudiants furent analysées et largement critiquées ; en cause un allongement des parcours, un changement de la conception de la réussite dans le chef des étudiants, une complexification forte des règles de finançabilité et des effets délétères sur le taux de réussite (Brunet, Dujardin, Louis, O'Dorchai, & Dehon, 2021). Face à ces écueils une réforme du décret paysage est entrée en vigueur au début de l'année académique 2023-2024. Parmi les changements opérés, un refinancement de l'accompagnement à la réussite a été mis en œuvre ; accompagné de l'obligation de proposer des activités de remédiations pour les étudiants présentant un échec important de leur première année ainsi que de la nécessité pour chaque établissement de remettre un « plan stratégique » annuel décrivant leur politique institutionnelle et leurs actions en termes d'accompagnement à la réussite.

Cette dernière mesure vise à réguler la diversité d'attention et d'énergie portée à la réussite au sein des établissements de l'enseignement supérieur. Au travers de ces plans stratégiques, les différentes formes d'enseignement supérieur doivent mettre à l'agenda, chaque année, une réflexion sur la réussite étudiante et produire le même type de document justifiant l'attention portée à cette question. Un traitement minimal de la question de la réussite étudiante serait alors garanti permettant de fournir une gestion plus équitable de cette question entre les établissements d'enseignement supérieur. En d'autres termes, l'injonction d'élaboration des plans stratégiques peut être conçue comme une mesure macro de gestion de la diversité des chances de réussite dans l'enseignement supérieur belge francophone.

Mais comment concevoir et réfléchir ces plans stratégiques afin qu'ils permettent aux établissements de réaliser une réelle réflexion profonde sur leurs approches de la réussite tout en évitant un surcroit excessif aux équipes de terrain ? Quelle forme donner aux plans stratégiques afin d'en permettre l'analyse et d'en faire un média d'identification et de valorisation des bonnes pratiques ? Comment les établissements se sont ils emparés de ces plans stratégiques et quels ont été les effets sur leur gestion de la réussite étudiante ?

C'est sur l'ensemble de ces questions que ce symposium se centre. Le symposium proposera, au travers d'une première communication de cadrage, la démarche collaborative de travail qui a pris place entre les décideurs politiques, l'ARES et des acteurs et actrices de terrain (membres de la commission d'aide à la réussite) afin de concevoir un canevas de rédaction de plan stratégiques qui soit à la fois compréhensible, structuré et qui permette un travail réflexif des acteurs de la réussite au sein des établissements. Ce travail s'est déroulé en combinant injonctions politiques, les lignes directrices issues de la littérature scientifique et les réalités de terrain des différentes formes d'établissement supérieur concernés. Cette communication permettra également de décrire comment les plans stratégiques ont dès lors été conçus afin de répondre au mieux à la gestion de la diversité de réussite à un niveau macro (interinstitutionnel). Ensuite, quatre communications viendront présenter différents retours d'expérience sur le processus de conception de ces plans stratégiques dans différents établissements de l'enseignement supérieur belge francophone. Chaque présentation exposera comment il a été possible de s'approprier ce plan stratégique afin de :

  • réfléchir la question de la réussite au regard de la spécificité de son contexte institutionnel (analyse méso de la diversité) ;
  • décrire la démarche de construction du plan stratégique qui a mobilisé différents acteurs au sein des établissements ;
  • proposer des dispositifs et actions d'accompagnement qui s'adapte à la spécificité et l'hétérogénéité du public étudiant de son établissement (gestion de la diversité d'un point de vue micro).

Au final, ce symposium propose de discuter comment une injonction politique et son appropriation sur le terrain a permis à la fois de renforcer la réflexion de la diversité étudiante, de comprendre les particularités de chaque établissement et de soutenir une approche interinstitutionnelle de la réussite. Au travers des différentes communications une discussion sur la réussite étudiante considérant les trois niveaux de la question de diversité dans l'enseignement supérieur (micro, méso, macro ; De Clercq, Jansen, Brahm, & Bosse, 2021) sera proposée.

 

Référence :

Brunet, S., Dujardin, C., Louis, V., O'Dorchai, S., & Dehon, C. (2021). Les réformes de l'enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles à l'heure de l'évaluation. Dynamiques Régionales, 11, 1-90.

De Clercq, M., Jansen, E., Brahm, T., & Bosse, E. (2021). From Micro to Macro: Widening the Investigation of Diversity in the Transition to Higher Education. Frontline Learning Research, 9(2), 1-8.

De Clercq, M., Roland, N., Dangoisse, F., & Frenay, M. (2023). La transition vers l'enseignement supérieur : comprendre pour mieux agir sur l'adaptation des étudiants en première année (Vol. 206). Peter Lang. https://doi.org/10.3726/b20782

Gale, T., & Parker, S. (2014). Navigating change: a typology of student transition in higher education. Studies in Higher Education, 39(5), 734-753. https://doi.org/10.1080/03075079.2012.721351


[1] Texte légal disponible ici


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