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Quand Freinet s'invite à la fac...Quelles sont les effets des relations entre pairs chez des étudiants en grande difficulté ?
Armelle Girard  1, 2@  , Isabelle Gérard  1, 3, 4@  , Olivier Colin  1@  , Cédric Vanhoolandt  5@  , Marine Moyon  5@  
1 : Université de Versailles Saint-Quentin, UFR des Sciences, 45 Av des Etats Unis, 78035 Versailles Cedex
Université Paris-Saclay - Université de Versailles St Quentin
2 : Université Paris-Saclay, ONERA, CNRS, Laboratoire d'étude des microstructures (LEM)
LEM, ONERA- CNRS
3 : Membre associée au laboratoire EST
Université Paris-Sud - Université Paris-Saclay
4 : Institut Lavoisier de Versailles
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), CNRS
5 : Institut Villebon – Georges Charpak
Université Paris-Saclay

Depuis de nombreuses années, le taux d'échec en première année d'université demeure trop important (Behr et al., 2020). Face à ce problème sociétal majeur, de nombreuses initiatives ont été proposées. En France, une loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants (2018) a conduit les universités à développer des dispositifs de remédiation. En particulier, l'Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences de l'Université de Versailles St Quentin (UVSQ) a mis en place un semestre 2 de remédiation (S2R), pour les étudiants en grande difficulté - i.e. en échec dans l'ensemble des unités d'enseignement (UE) disciplinaires du 1er semestre (S1). Au cours de ce S2R, les étudiants sont réinscrits dans 3 (parmi 5) UE déjà suivies au S1. Le contenu des UE reste similaire à celui du S1 mais le format pédagogique peut changer.

Pour les UE de chimie et de physique, un format différencié a été proposé. Cela nécessite un changement de posture des étudiant·es mais aussi des enseignant·es afin de créer un climat encourageant et motivant pour les étudiant·es. Un effet positif sur le sentiment de compétence de ces étudiant·es a déjà été mesuré (Gérard, Girard et al., 2024).

L'objet de cette contribution est de mieux comprendre le ressenti des étudiant·es, en grande difficulté, qui ont suivi ce dispositif, vis-à-vis des interactions entre pairs, l'impact de celles-ci sur différents facteurs de réussite. Nous avons commencé à analyser dans quelle mesure le travail entre pairs peut contribuer à renforcer l'engagement cognitif et la motivation des étudiant·es (Viau, 2009).

Des entretiens semi-dirigés ont été effectués auprès de 77 étudiant·es de 2 promotions ainsi qu'auprès de 5 étudiant·es ayant suivi ce dispositif au moins un an auparavant. Ces entretiens portent notamment sur le travail de groupe ainsi que sur l'impact des relations entre pairs et avec l'enseignant pendant le suivi du dispositif. Au cours des séances d'enseignement, les étudiant·es travaillent par petits groupes de 2 à 4 étudiants à partir de polycopiés jalonnés de rappels de cours et très riches en exercices. Les groupes d'étudiants travaillent sur des exercices différents, choisis en fonction de leur niveau, de leurs difficultés et de leur motivation. L'objectif est d'amener chaque étudiant dans sa zone proximale de développement et de les amener ainsi à progresser et à prendre goût à l'apprentissage (Girard, Gérard et al., 2022).

Les premières analyses de verbatim font apparaitre que le travail entre pairs est source d'entraide, de motivation et donc d'engagement de la part des étudiant·es. Les enseignant·es ont la posture d'accompagnant·es plus que de sachant·es et ainsi deviennent accessibles aux yeux des étudiant·es. Ces relations positives, aux dires d'étudiant·es, facilitent leur intégration dans l'enseignement supérieur (Tinto, 1997) et pourraient être à l'origine de l'amélioration de leurs résultats académiques. De plus, la disponibilité et l'aide des enseignant·es ainsi que la sociabilisation des étudiant·es à travers le travail entre pairs peuvent influencer la réussite à travers des stratégies d'apprentissage que les étudiants mettent alors en place (Dupont et al., 2015).

 

Références

Behr, A., Giese, M., Teguim Kamdjou, H. D. et Theune, K. (2020). Dropping out of university: a literature review. Review of Education, 8(2), 614-652. https://doi.org/10.1002/rev3.3202

Dupont, S., Clercq, M. D., et Galand, B. (2015). Les prédicteurs de la réussite dans l'enseignement supérieur : revue critique de la littérature en psychologie de l'éducation. Revue française de pédagogie, 191, 105-136. https://www.doi.org/10.4000/rfp.4770

Gérard, I., Girard, A., Moyon, M., Colin, O. et Vanhoolandt, C. (2024). Mieux réussir dans les filières scientifiques en première année d'université ? Un dispositif pédagogique d'accompagnement différencié, analysé comme appui immédiat pour des étudiant·es en situation d'échec. Didactique, 5(2), 14-56. https://doi.org/10.37571/2024.0202

Girard, A., Gérard, I., Colin, O., Bourgeois, N., Parmentier, J., Riopel, M., ., Potvin, P. et Moyon, M. (2022, January). Bien accompagné pour mieux rebondir : un module d'enseignement à destination des étudiants de 1ère année de licence Sciences en situation d'échec. In Questions de Pédagogie dans l'Enseignement Supérieur 2022-(S') engager et pouvoir (d') agir, p. 49-61. https://hal.science/hal-04204527

Tinto V. (1997). Classrooms as communities: exploring the educational character of student persistence. Journal of Higher Education, 68(6), p. 599-623. https://doi.org/10.2307/2959965

Viau, R. (2009). La motivation à apprendre en milieu scolaire. Éditions du Renouveau pédagogique. https://eduq.info/xmlui/handle/11515/34606


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