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La littérature offre de nombreux enseignements sur le poids de la distance géographique dans les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur en France et à l'étranger. Elle a notamment mis en lumière les formes de polarisation et de ségrégation des publics entre filières et établissements (Avouac et Harari-Kermadec, 2022 ; Frouillou et Moulin, 2019), l'impact de l'éloignement sur les probabilités d'accéder à l'université (White et Lee, 2019) et l'intrication des facteurs géographiques et sociaux influant sur les ambitions d'étude (Dupray, 2023). Les pouvoirs publics semblent en outre accorder une attention renouvelée aux enjeux de la diversité géographique dans l'enseignement supérieur (Comité stratégique, 2020). Les universités jouent un rôle de premier plan en la matière, au regard notamment de leurs effectifs étudiants et du maillage territorial de leurs campus principaux et « secondaires ». Si elles disposent de jeux de données pertinents, elles restent pourtant largement démunies pour appréhender ces enjeux à leur échelle, nourrir leur réflexion et guider leurs actions pour favoriser l'accès des publics éloignés à leurs formations.
Nous travaillons dans ce contexte depuis mai 2023 avec l'Université Claude Bernard Lyon 1 au développement d'une application web pour aider les universités à questionner les effets de la distance sur l'accès des néo-bacheliers à leurs formations. Fondée sur des données locales d'Apogée, des données régionales de Parcoursup et des données en open data dont l'application ne conserve aucune trace après utilisation, elle permet à leurs acteurs en central, dans leurs composantes comme sur leurs antennes territoriales (1) d'objectiver la distance et ses effets sur l'accès des étudiants aux formations de leur établissement et (2) d'estimer les effectifs potentiels d'une nouvelle formation selon les caractéristiques de son lieu d'implantation (lignes de transport en commun, offre concurrente, lycées à proximité, ...)..
L'application repose sur des logiques de calcul automatisé (caractéristiques socio-démographiques des lycées d'origine, temps de trajet domicile-étude, vivier potentiel d'une nouvelle formation, ...), tout en offrant à l'utilisateur des fonctions de filtrage par critères (par campus, composantes, formations, ...) pour réaliser des analyses et des simulations interactives et ciblées. La visualisation des données sous forme de tableaux et de cartes géographiques vise à faciliter leur appropriation par l'utilisateur.
Cette communication sera l'occasion de présenter l'application et de partager les premiers enseignements acquis à partir de son élaboration et des retours formulés lors des tests de l'outil. Dans quelle mesure l'application développée peut-elle permettre aux équipes et décideurs universitaires d'objectiver les effets de la distance vécue par leurs publics sur la transition secondaire-supérieur à l'échelle de leur territoire ? Trois défis principaux seront discutés : (1) la capacité à proposer une mesure et une représentation de la distance aux formations intégrant ses dimensions spatiale, temporelle, vécue et sociale, (2) la nécessité de produire un outil réflexif alliant développement informatique et savoirs sociologiques pour répondre aux besoins des équipes, (3) les perspectives de développement et conditions de viabilité de l'outil.
