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Le passage au contrôle continu intégral (CCI) : quelles conditions et contraintes pour les enseignants-chercheurs d'une unité de formation et de recherche en sciences humaines et sociales (UFR SHS) ?
Cécile Redondo  1, 2@  , Stéphane Di Biasio  2@  
1 : Education, Cultures, Politiques  (ECP)
Université Lumière - Lyon 2, Université Jean Monnet - Saint-Etienne
86 rue Pasteur 69007 Lyon -  France
2 : Université Jean Monnet - Faculté de Sciences Humaines et Sociales
Université Jean Monnet - Saint-Etienne

Dans un contexte de transformation de l'enseignement supérieur lié à sa démocratisation et à l'accueil d'une diversité toujours plus importante des publics étudiants (Bonniol, Redondo et Bissonnette, 2022 ; Loiola et Romainville, 2008 ; Poteaux, 2013), le passage au contrôle continu intégral (CCI) peut constituer un levier favorable à la réussite étudiante face au défi à relever d'une inclusion la plus efficace possible. Dans une démarche d'amélioration continue de la qualité de l'expérience d'enseignement et d'apprentissage, les universités voient aussi avec l'évaluation par CCI, un moyen d'améliorer la qualité de leurs enseignements longtemps confinés à la classique pratique magistrale (traditionnel cours magistral en amphithéâtre), via notamment les opportunités permises par de développement des offres technologiques : recueil de données numériques massives de type learning analytics, tests sur Moodle (Redondo, Garcin, Pironom et Thuilier, 2022), etc. Le passage au CCI s'inscrit ainsi dans l'ambition de transformer les pratiques pédagogiques d'une institution parfois taxée d'immobiliste en des pratiques d'enseignement plus innovantes, plus actives, moins formelles qui seraient plus efficaces sur le développement des compétences et des performances des étudiants (Loiola et Romainville, 2008).

Notre objectif est de nous intéresser aux préoccupations des enseignants-chercheurs (EC) en poste au sein d'une unité de formation et de recherche en sciences humaines et sociales (UFR SHS) qui est actuellement une composante directement concernée par un passage au CCI initié par la gouvernance d'une université française, sur la base du volontariat des équipes pédagogiques. Quelles sont les actions et réflexions pédagogiques déjà existantes et mises en œuvre en faveur du CCI ? Quels défis sont à relever du point de vue des EC pour un passage au CCI ? Quelles sont les difficultés et besoins existants ? Ces questions seront investiguées avec plusieurs clés d'entrée thématiques concernant un état des lieux des pratiques et des modalités d'évaluation mises en œuvre au sein de la composante, les avantages et inconvénients du contrôle terminal (CT) et du contrôle continu (CC) ainsi que les éléments porteurs et favorables à un passage réussi au CCI.

Le cadre théorique que nous mobilisons articule plusieurs concepts de la théorie anthropologique du didactique (TAD) développée par Chevallard (2011). L'approche didactique en TAD suppose d'étudier les conditions et les contraintes existant à différents niveaux – de l'humanité aux disciplines – qui facilitent ou gênent l'avènement, la maîtrise et la diffusion des pratiques d'évaluation (ici via le CCI) dans une institution donnée (ici une UFR SHS au sein d'une université française) ainsi que leurs influences sur les enseignements-apprentissages. Ces conditions et contraintes sont repérées sur une échelle dite des niveaux de codétermination didactique qui nous permettra d'identifier ce qui influe sur tout projet didactique, ici sur le projet de répondre à la volonté institutionnelle de passer au CCI.

Notre approche méthodologique vise à constituer et analyser un corpus d'une quinzaine d'entretiens semi-directifs passés avec des EC (femmes et hommes ; maîtres de conférences et professeurs dans plusieurs filières de SHS : sociologie, sciences de l'éducation, géographie, histoire) qui sont en poste dans une UFR SHS d'une université française.


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