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Mind the gap ! Bousculer les représentations des acteurs de l'enseignement supérieur en faveur de la création collective de dispositifs d'accompagnement des primo entrants
Sophie Vessiere  1@  , Isabelle Gérard  2@  , Yannis Karamanos  3@  , Isabelle Bournaud  4@  
1 : Service Ingénierie Pédagogique
Université de Nîmes, Nîmes, France
2 : Institut Lavoisier de Versailles
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Institut de Chimie - CNRS Chimie, Centre National de la Recherche Scientifique
3 : Laboratoire de la Barrière Hémato-Encéphalique
Université d'Artois
4 : Groupe DIDASCO, EST
Université Paris-Saclay

S'il faut faire attention à l'écart entre le marchepied et le quai dans le métro pour limiter les risques de chutes, il en est de même dans l'enseignement supérieur où il faut être attentif à l'écart entre les représentations et implicites des principaux acteurs[1] de l'enseignement et ceux de la population étudiante afin de potentialiser les chances de réussite.

Penser les apprentissages c'est avant tout les remettre dans des contextes ; aussi, la mise en place de dispositifs d'accompagnement doit prendre en considération une multitude de facteurs afin de favoriser la réussite étudiante (diversités des profils, contraintes économiques, hétérogénéités des acteurs des dispositifs, compréhension des besoins et contexte...). S'il est complexe de jouer sur l'ensemble de ces facteurs, et qui plus est de manière simultanée, il est possible de revenir aux fondamentaux et de s'interroger sur la relation tripartite entre les étudiants, les apprentissages et les enseignants (Houssaye, 2014).

L'objet de cette contribution est de présenter un retour d'expérience de journées d'étude AIPU section France. Ces journées, qui se sont déroulées en novembre 2023 à l'université Paris-Saclay sur le thème de “Représentations et implicites de(s) différents acteurs de l'enseignement supérieur sur l'expérience d'apprentissage en première année post bac”, ont été un révélateur de l'importance de prendre conscience les écarts des représentations des étudiants et celles des enseignants et personnel accompagnant pour la création de dispositifs adaptés. 

Les deux ateliers successifs proposés lors de ces journées ont été construits dans le but de favoriser la dissémination de résultats de recherche de deux équipes[2], auprès de participants de profils variés. Les participants ont travaillé en groupe et ont exploité des résultats issus de l'analyse de verbatims en réponse à trois questions posées aux étudiants et aux enseignants sur : l'autonomie de l'étudiant, son travail personnel en dehors des cours et les attentes des enseignants en TD ou TP. Chaque groupe a travaillé sur une question pour les deux communautés : enseignante / étudiante. L'objectif initial des ateliers était la mise en regard par les participants des résultats de ces recherches avec leurs propres expériences et vécus dans leurs institutions, pour faire émerger des pistes d'accompagnement facilitant l'acculturation des primo-entrants à leur nouveau contexte.

Le focus qui a attiré notre attention est le retour des participants sur les ateliers, obtenu via le questionnaire auto-rapporté post-journées et à travers des échanges informels au cours des journées : les ateliers ont mis en exergue les enjeux des biais cognitifs agissant sur la compréhension de consignes et des attendus. De nombreux participants ont vécu les ateliers comme une mise en situation en isomorphisme avec celle “d'apprenant” face à des consignes dont ils ne comprennent pas l'objectif. Cela n'était pas une intention a priori des animateurs des ateliers. 

Les regards croisés des participants ainsi que des animateurs, la compréhension des autres points de vue, cette mise en situation d'apprentissage réelle ont eu d'importants impacts sur les résultats produits lors des échanges, et contribue au développement professionnel de ces acteurs (Charlier, 2010). La mise en parallèle du vécu des ateliers par les participants avec le vécu de la population étudiante primo-entrante en situation d'apprentissage permet une prise de recul à la proposition d'actions et de dispositifs davantage centrés sur l'apprenant.

 

[1] Le choix de l'écriture non inclusive est pour faciliter l'accessibilité.

[2] Groupe Didasco, EST UR, UFR Sciences, Université Paris-Saclay et IREDU, Université de Bourgogne


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