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Nous constatons une tendance croissante d'étudiants en reprise d'études à l'université (par exemple ces étudiants représentaient 15% des effectifs de l'Université Jean Jaurès en 2020). Pour les reprises d'étude en psychologie, nous savons que ce choix n'est pas le fruit du hasard mais renvoie à des expériences antérieures riches et parfois douloureuses (Olry-Louis & Soidet, 2020) ainsi qu'à des caractéristiques disciplinaires en lien avec les postures subjectives des étudiants vis-à-vis du savoir. Le rapport au savoir, cadre principal de notre travail, s'attache à ne pas réduire les mécanismes psychologiques du choix disciplinaire à des contraintes externes, mais cherche plutôt à privilégier une approche pluridimensionnelle du sujet prenant en compte le désir de savoir, les déterminants socio-familiaux, les motions affectives qui le poussent à savoir. Si la rencontre avec le savoir débute bien avant l'entrée à l'université, l'enseignement universitaire renvoie à un savoir spécifique (Baillet & Rey, 2015 ; Beaucher, 2014), induisant des ajustements dans l'approche du savoir des étudiants novices (Baillet, 2017).
La recherche originale présentée ici s'intéresse à la population spécifique des étudiants en reprise d'étude, peu investiguée dans le champ du rapport au savoir, et qui présente un rapport au savoir universitaire particulier du fait des expériences professionnelles acquises et des éprouvés du travail. Cette recherche vise particulièrement la compréhension des mobiles de l'orientation et le rapport au savoir des étudiants en reprise d'études en master de psychologie. En quoi les formes de rapport au savoir de ces étudiants diffèrent-elles de celles des étudiants primo-entrants ? Quels sont les facteurs de mobilisation ? Comment la construction identitaire s'opère-t-elle, sachant que cette dernière n'a rien d'automatique (Charest, 1999 ; El Bouanani & El Majdouli, 2021 ; Orlinsky & Ronnestad, 2005 ). Nous posons que cette construction est en lien avec le rapport au savoir des étudiants (Baillet, 2021) qui appréhendent différemment les enseignements suivant leur forme (cours magistral, travaux dirigés...) et leur contenu (enseignements théoriques, mises en situations par le stage notamment) du fait de leurs expériences professionnelles antérieures. La recherche se concentrera sur la manière dont les étudiants articulent les contenus de leur formation avec la construction de la représentation du psychologue qui a vocation à exercer dans le champ de la psychologie du travail.
2. Méthode et résultats attendus
La méthodologie de recherche implique le recueil de données auprès d'étudiants en reprise d'études (N=20) inscrits dans différents masters de psychologie spécialisés en psychologie sociale et en psychologie du travail. Des entretiens semi-directifs de recherche sont utilisés pour explorer leur rapport avec la psychologie et la fonction de psychologue dans le champ du travail, au regard de leur parcours antérieur (scolaire et professionnel) et des mobiles de leur orientation. Nous anticipons l'émergence de formes de rapport au savoir qui articulent savoirs fondamentaux et savoirs appliqués, contribuant ainsi à la construction de la représentation du psychologue. L'expérience antérieure de terrain aura une influence probable sur les attentes de la formation et la représentation du psychologue.
